DES PUITS EXCEPTIONNELLEMENT NOMBREUX ………

Notre village de Cuise la Motte se distingue dans le canton d’Attichy et sans doute dans tout le Soissonais, pour le nombre de ses puits avec édifice encore visibles : une cinquantaine de puits en bon état ont pu être inventoriés pendant l’été 2003.

De nombreux puits se trouvant à l’intérieur des maisons ou n’ayant plus ou n’ayant jamais eu d’édifice, on peut estimer qu’à la fin du dix-neuvième siècle, leur nombre total, avec et sans margelle ou édifice, devait approcher la centaine, malgré la concurrence des nombreuses sources et du ru de Vandy.

Beaucoup ont dû être construits au 18ème siècle et dans la première moitié du 19ème, période d’accroissement rapide de la population : habitants estimés à 660 en 1720 et  1053 en 1836.

Souvent communs à plusieurs familles, ils ont été utilisés par puisage direct ou par l’intermédiaire de pompes à partir des années 1840 et parfois de systèmes plus ou moins complexes de réservoirs situés dans les greniers, jusqu’en 1959-1960, date de mise en place du réseau d’eau potable.

Exemples de puits mitoyens

Généralement en pierre de taille, le puits dans sa partie forage est toujours de section circulaire à une exception près (puits ovale  rue des Cascades, forme qui pouvait faciliter le travail du puisatier).

Exemples de section ovale et circulaire

 Le matériau utilisé est souvent la pierre de taille, calcaire tendre du Lutétien, facile à travailler, inexistant à Cuise, mais caractéristique des carrières proches de Jaulzy, Saint Etienne, Chelles ou Hautefontaine.

Six sont maçonnés en moellons durs, grès à ciment calcaire ou calcaire gréseux, la pierre du pays, que l’on trouve en haut des versants au-dessus du Cuisien.

Les édifices, sur base circulaire ou carrée, sont en pierre de taille à l’exception d’un puits en moellons adossé à la pente avec une grosse dalle de calcaire dur pour couverture à la Parisis.

Puits en moellons à La Parisis

Leur diversité est remarquable et leur observation permet de comprendre l’évolution des techniques de puisage.

1         TECHNIQUES DE PUISAGE

1.1       LE PUISAGE DIRECT

Le puisage s’est d’abord fait au seau avec une corde ou exceptionnellement avec une simple perche recourbée à son extrémité (technique utilisée jusqu’en 1960 pour le puits peu profond, sans margelle de l’impasse du Russon).

Les puits sont simplement pourvus d’une margelle ronde ou carrée. L’usure de la corde est encore bien visible sur de nombreuses margelles..

Marque d’usure sur la pierre de margelle par la corde

1.2       PUISAGE AVEC POULIE

L’apparition de la poulie a modifié la structure des édifices.

Une poulie, en bois à l’origine, puis en fer, a été montée sur la plupart des puits déjà existants, peut-être à partir du 16 ème ou 17 ème siècle ; elle a entraîné le rajout de jambes de pierre pour soutenir la poulie.

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Exemples de jambages en pierre rajoutés

Sur quelques puits, la poulie en fer est supportée par des ferrures scellées dans le mur ou dans la margelle; le rajout des ferrures, scellées dans des briques ou des pierres peut avoir entraîné une modification de la margelle.

Exemple de poulie en fer supportée par des ferrures scellées

Exemple de margelle modifiée pour adaptation de ferrure.

2         Différents types d’architecture

2.1       LE PUITS A DOME EN CLOCHE

Les puits à dôme en forme de cloche sont les plus nombreux, particulièrement au Mesnil. Leur hauteur est très variable. Ce type pourrait remonter à la fin du 16ème ou au début du 17ème siècle.

Exemples de puits à dome

Le puits à gauche avait une poulie en bois, indice d’ancienneté, poulie soigneusement conservée, malgré la mise en place d’une pompe.

Le puits le plus haut du village, impressionnant par son élévation, situé au Mesnil, mesure environ 4m. Son dôme est décoré d’une boule

Le puits le plus haut du village

2.2       LE PUITS A TOIT PYRAMIDAL

Egalement bien représenté, le puits à toit pyramidal est caractéristique de la rue des Cascades, mais se rencontre aussi rue des Chapelles et rue du Mesnil. Le plus ancien puits du village, probablement du 17ème siècle, est situé rue des Cascades.

Le puits le plus ancien du village

Deux sont décorés d’une pierre sommitale comportant socle et boule,  rue du Mesnil et rue du Champ de Bataille.

Rue du Russon, on peut observer une forme intermédiaire entre ces deux types : le puits paraît pyramidal de loin, mais cette pyramide est arrondie et esquisse une forme de cloche. Sa moulure est identique à celle de la maison.

2.3            LE PUITS A TOIT EN BATIERE

Plus dispersés, les puits en bâtière sont caractérisés par leur toit à double pan en forme de bât.

Leur ouverture se trouve en "pignon"

ou bien en "façade"

2.4       LE PUITS A TOIT CONIQUE

Seul de son type, le puits à édifice cylindrique et toit conique de l’ancien relais de poste de La Motte paraît très ancien (à gauche).

Il avait une porte et une margelle très basse (formée sans doute par le haut du puits lui-même). Il reste une poulie en fer.